C’est un auteur resté anonyme qui composa Claris et Laris dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, sans doute plus précisément vers 1270 puisque le prologue mentionne deux événements permettant de proposer une datation, la prise de Constantinople, tombée aux mains des Byzantins en 1261, et la chute de la cité d’Antioche, dont le Mamelouk Baybars s’empara le 1er mai 1268 . Ce long texte voit ainsi le jour au moment où le roman en prose se développe et se généralise . En choisissant au contraire une forme à rimes plates, le poète suggère qu’il veut renouer avec l’esprit et le style des premiers âges de la légende arthurienne, du Brut de Wace aux romans de Chrétien de Troyes. Son œuvre reste toutefois tributaire du siècle où elle voit le jour et en particulier de son goût pour l’encyclopédie . Ses 30372 octosyllabes, qui font d’elle l’un des plus longs romans arthuriens en vers de l’époque médiévale , proposent une somme de la littérature de son temps. Chansons de geste, historiographie, romans antiques, contes arthuriens en vers et en prose, sources folkloriques, fournissent des personnages, des motifs, des formules ou des procédés à ce clerc cultivé . Son imitation est cependant loin d’être servile et sert à renouveler une éthique chevaleresque et sentimentale qui pouvait sembler vouée à l’échec et l’oubli depuis les années 1230 et la Mort Artu.