L'étude d'une trentaine de réalités sociales et juridiques fait penser que les systèmes d'intelligence artificielle modifieront la façon de voir le droit et d'en faire. Les problématiques utiles à l'analyse dépassent le domaine juridique. Le droit de l'intelligence artificielle, à venir, exige en préalable de mûrir des réalités sur lesquelles le juriste passe vite (le réel, les langages, le code, l'objet, les systèmes, la conscience, la confiance et bien entendu l'intelligence). Au moyen d'une méthode linéaire qui se revendique de la liberté et du "linéarisme", escomptant sur la sérendipité, l'examen de ces thèmes laisse apparaître une désarmante connexion entre langage, système, science et intelligence. Elle signe la faiblesse des langues actuelles et éclaire l'aptitude des systèmes d'IA, très rigoureux, à mieux les saisir pour tendre vers des analyses intelligentes. Le juriste inquiet de ses métiers devrait s'inquiéter de sa méthode langagière qui néglige les concepts - ou généraux ou de de la règle de droit. Car les systèmes, eux, finiront par les appréhender comme ils ne le furent jamais. Le changement dans le traitement de la langue annonce un choc épistémologique dans toute les science. L'IA, qui n'avait pas besoin de cela, se confirme en véritable mythe qui, comme telle, surplombe notre civilisation. Dans sa quête de renouvellement, il se pourrait que le juriste doive pousser jusqu'à la poésie, comme on y recourt parfois en sciences exactes, pour dominer les énoncés des systèmes d'IA à partir desquels, demain, on fera du droit.