Depuis l’envolée du cours de l’or au tout début des années 2000, la pratique de l’orpaillage s’est répandue dans une grande partie de l’Afrique subsaharienne, avec des effectifs toujours plus importants. Au Kenya, première économie d’Afrique de l’Est, la question minière apparait centrale depuis le début de la décennie 2010 avec de nombreuses réformes initiées par Nairobi : création d’un ministère des mines, nouveau code minier. L’activité minière est désormais l’un des axes de la politique de développement du pays dans le cadre de la Vision 2030. Si la priorité est donnée aux entreprises minières de grande envergure, le Kenya présente une originalité dans son rapport à l’orpaillage, avec un processus de formalisation de l’activité minière artisanale (AMA), devenue une ressource importante de revenus dans les espaces ruraux. Mes recherches visent à établir avec précision les stratégies des différents acteurs envers l’activité minière artisanale et à mettre en lumière comment celle-ci devient un levier du développement. J’analyse aussi la capacité de l’activité minière artisanale à supplanter ou à compléter durablement une activité principale, notamment agricole, améliorant ainsi les revenus des ruraux ainsi que l'économie formelle de la vente de matériel, qui gravite autour de l’AMA. Ces travaux de recherches sont menés dans le comté de Kakamega, non loin du lac Victoria ; cela offre la possibilité d’illustrer au prisme de l’orpaillage le travail de Bernard Calas sur les grands écarts de développement au Kenya. Enfin, la dimension foncière, étudiée par Claire Médard, est particulièrement prégnante au Kenya. Intrinsèquement liée à l’orpaillage, les tensions qui résultent de l’AMA peuvent apparaitre comme un frein au développement. Malgré les nombreux défis qui peuvent entraver l’émergence d’un orpaillage facteur de développement, le Kenya propose une approche tout à fait novatrice, qui pourrait représenter un modèle pour d’autres Etats d’Afrique Subsaharienne.