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Chapitre D'ouvrage Année : 2020

Mémoire vive du cinéma, mémoire vive de l’Histoire : Danielle Darrieux dans "En haut des marches" de Paul Vecchiali (1983)

Résumé

Dans les années 1980, la carrière de Danielle Darrieux connaît un certain renouveau dans le cinéma d’auteur, où elle trouve de beaux seconds rôles auprès d’une nouvelle génération de réalisateurs cinéphiles, d’André Téchiné à Benoît Jacquot et de grands noms en fin de carrière comme Jacques Demy et Claude Sautet. Elle y occupe une place singulière, conforme à la fois à son statut d’icône vieillissante et à la modernité qu’elle incarne depuis ses débuts. Seul Paul Vecchiali, dans "En haut des marches" (1983), la sollicite dans un premier rôle écrit spécifiquement pour elle et non construit en contrepoint de vedettes plus jeunes, une habitude pour un cinéaste qui, de "Femmes Femmes" (1974) à "Corps à cœur" (1979) est l’un des rares à proposer des personnages complexes de femmes mûres dans le champ du cinéma d’auteur français. Cet article se propose de montrer par quel biais "En haut des marches" utilise la persona de Danielle Darrieux pour évoquer deux mémoires parallèles. Le film fait tout d’abord la synthèse ludique de Darrieux comme icône cinéphilique. Son ancrage dans des genres populaires (mélodrame, film noir et comédie musicale) et divers effets de citations (de l’apparition de Micheline Presle aux boucles d’oreille portées par l’héroïne, qui rappellent celles de "Madame de") évoquent le cinéma français classique qui a offert à l’actrice ses plus grands rôles et qui a fortement inspiré Vecchiali. En miroir, la déstructuration du récit, les audaces formelles de la mise en scène et la présence de Françoise Lebrun et d’Hélène Surgère replacent Darrieux dans le cinéma d’auteur post-Nouvelle Vague qui lui a offert des rôles tardifs. Enfin, le film revisite à travers la star une autre mémoire, historique et tragique : celles de la Collaboration dont elle fut soupçonnée pour ses rôles dans les productions Continental et de l’épuration de la Libération dont les parents du cinéaste furent les victimes. Nous verrons que l’empathie accordée à son personnage d’épouse de collabo, palpable notamment dans la performance d’une gravité inédite de Darrieux, a contribué à la mauvaise réception du film à sa sortie.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03987231 , version 1 (14-02-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03987231 , version 1

Citer

Alexandre Moussa. Mémoire vive du cinéma, mémoire vive de l’Histoire : Danielle Darrieux dans "En haut des marches" de Paul Vecchiali (1983). Gwénaëlle Le Gras; Geneviève Sellier. Danielle Darrieux ou La traversée d'un siècle, Presses Universitaires de Bordeaux, pp.261-273, 2020, 979-10-300-0489-2. ⟨hal-03987231⟩
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