Vivre la bataille ?
Résumé
« Une bataille vraie n’est pas un tableau » dit Baudelaire dans ses Salons de 1859, mettant en doute la capacité de l’art à rendre compte du combat. Pourtant, la scène de bataille a conduit à des innovations de forme et de technique majeures en Occident. Paroxysme pour les arts, par sa démesure spatiale et temporelle comme par sa violence, la bataille a stimulé l’émergence de dispositifs toujours plus immersifs, dépassant les limites expressives des médiums, pour faire revivre des événements insaisissables, dans une expérience hors du commun. Face aux ambitions des artistes, jusqu’où le spectateur devient-il acteur de la scène de bataille ?
La spire historiée de la colonne Trajane, les galeries de batailles et les tentures modernes, les rotondes des panoramas ou encore les écrans larges du cinéma sont autant de manifestations de ce fantasme consistant à produire une restitution vivante des faits militaires. Modernistes et contemporanéistes, historiens de l’art et de l’audiovisuel, envisagent les usages, réceptions et émotions engendrés par les représentations de bataille, touchant au regard, à l’esprit et au corps d’un spectateur aux prises avec la fiction du combat.