En France, plus de 60 000 élèves arrivent chaque année dans le système scolaire, après avoir quitté leur pays d’origine (Brun et Le Caignec 2019). En fonction des besoins et des offres locales, les élèves peuvent bénéficier d’une double inscription pédagogique, en classe régulière et en Unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (désormais UPE2A), dans laquelle ils bénéficient d’un apprentissage intensif du français en tant que langue seconde et parfois avec un enseignement disciplinaire, tel que les mathématiques. […] Dans l’exemple des mathématiques, certains rencontrent des difficultés dans la manipulation des instruments de géométrie ou ne maîtrisent pas les savoirs scolaires appris par leurs camarades natifs dans les classes antérieures (Millon-Fauré 2019 et 2020). Ce décalage scolaire peut s’expliquer par la combinaison de différentes causes, antérieures à leur arrivée en France : une scolarité partielle ou parcellaire, des variations dans les programmes, les conditions et les cultures scolaires, des expériences de discrimination institutionnelle, des difficultés scolaires liées à des aptitudes cognitives. A contrario, les jeunes ont des compétences « dormantes » (Mendonça Dias 2020b), c’est-à-dire des compétences non ou peu mobilisées dans leur apprentissage en langue seconde, qui avaient été développées au cours de leurs expériences antérieures, telles que des procédures opératoires, des pratiques algébriques abordées plus tard dans le programme scolaire français, des compétences plurilingues… […] Pour ces raisons, nous nous sommes intéressés à différentes propositions pédagogiques susceptibles de faciliter leur inclusion dans les activités de la classe (Millon-Fauré 2017) et favoriser l’appropriation langagière des discours scolaires (Mendonça Dias 2020a). […] À cette fin, nous avons proposé à un professeur des écoles une expérimentation dans laquelle ses élèves réalisent des vidéos plurilingues sur un thème mathématique. Dans cette recherche coopérative, la mise en œuvre, l’analyse et la restitution se font à trois voix, avec l’enseignant qui expérimente le projet (Jérémie Maugez), une didacticienne des mathématiques (Karine Millon-Fauré) et une didacticienne des langues (Catherine Mendonça Dias). Après avoir exposé des résultats de recherches antérieures, nos outils théoriques et notre méthodologie, nous décrivons quelques productions d’élèves et nous étudions les retombées que ce projet a pu avoir sur eux, mais également les difficultés rencontrées. Ces réflexions nous amènent à réfléchir aux prolongements susceptibles d’être mis en place en milieu scolaire ou pour la formation d’enseignants.