Face aux changements globaux (effondrement de la biodiversité, réchauffement climatique, épuisement des ressources, pollutions massives, etc.) et à la recrudescence des événements de santé dont la fréquence augmente depuis des décennies, en mars 2022, l'OMS, l'OMSA (ex-OIE), la FAO et le PNUE ont conjointement plaidé pour un rééquilibrage des multiples composantes de One Health (Une seule santé), incluant explicitement la notion d'équité entre secteurs et disciplines, et une vision plus clairement écologique de l'ensemble. L’approche One Health, sous d’autres noms, n’est pas nouvelle dans son principe général, mais a été majoritairement perdue de vue au cours du XXe siècle du fait de la segmentation disciplinaire des sciences et de la médecine, de la compartimentation des administrations et des modes de pensée excessivement réductionnistes qui ont prévalu à cette époque. Elle reconnait simplement que la santé humaine, celle des animaux domestiques et sauvages, et celle des plantes et des écosystèmes sont étroitement liées et interdépendantes. Pour réussir le changement transformateur permettant de penser les socio-écosystèmes dans leurs complexités, et d’agir en conséquence, la recherche et les acteurs de la santé humaine, animale et des écosystèmes ont besoin de renforcer les collaborations actuelles entre les disciplines et les secteurs professionnels, et d’en développer de nouvelles. Les financements, actuellement largement bénéficiaires aux soins et de façon incomparablement mineure à la prévention strictement médicale, dès lors qu’il s’agit de santé, devraient aussi être ré-évalués. Dans le cas contraire, le concept One Health pourrait ne rester qu’une aspiration louable, nous laissant continuer à être perpétuellement impréparés à faire face aux enjeux sanitaires majeurs imposés par les conséquences de la démographie humaine et de ses pollutions, combinée au réchauffement climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Cinq questions majeures relatives aux défis à relever sont proposées en conclusion.