Fascism in France : A Historiographical Development Since 1945
Résumé
In 1954, while carrying out a research on French right and studying it in a national historiographical framework, René Rémond asserted that it was composed of three political cultures from which fascism was excluded. Therefore, he analyzed French fascism as a marginal phenomenon and underlined its foreign origins. His interpretation became dominant until the 1970’s-1980’s and the emergence of new interpretations underpinned by foreign historians such as Zeev Sternhell with his trilogy on French fascism published in 1972, 1978 and 1983. He argued that fascist ideology was born in France between the 1880’s and 1914, and that there was a strong fascist tendency in French society during the 1930-1945 period. Sternhell’s works caused much debate and contributed to stimulate the research on French radical right and also on left political tendencies. From that time, these works belonged to an international historiography of fascism influenced by the research of some historians as Gorge Mosse who renewed the conception of fascism as international phenomenon. They are growing within this field of a transnational approach.
In this conceptual framework, several historians demonstrated the existence, besides fascist organizations, of a process of fascitization of the minds during the 1930’s which affected some intellectuals, journalists, and political militants belonging to right or left. They were influenced by foreign experiences. Although French fascism was a minor phenomenon, it wasn’t a marginal one. A fascist political culture was emerging and growing. But in the context of international tensions, it went through various contradictions.
Les études historiques sur le fascisme en France ont connu depuis plusieurs décennies un développement important. Parallèlement, certains de ces travaux historiques, ainsi que le terme « fascisme », ont suscité de nombreux débats, dont certains ont parfois tourné à la polémique et se sont déplacés dans des médias de masse. Pour comprendre les raisons et les enjeux de ces controverses autour du fascisme français, il convient de prendre en compte l’état de la mémoire collective sur la période 1930-1945 qui fut longtemps une mémoire oublieuse de certaines réalités historiques. Il faut aussi faire cas des premières recherches historiennes sur le sujet qui, envisagées dans un cadre historiographique principalement national, eurent tendance à considérer le fascisme comme un phénomène étranger à la France. La convergence, à partir des années 1970, entre le retour d’une mémoire collective conflictuelle des années 1930-1945 et la parution de travaux historiques soulignant l’enracinement de l’idéologie fasciste en France, créa les conditions pour que fussent contestés avec force les cadres interprétatifs anciens provoquant, ainsi, des controverses. Si les polémiques historiographiques à propos du classement de tel mouvement d’extrême droite, ou du régime de Vichy, dans telle catégorie, se sont avérées parfois peu utiles en ce qui concerne la compréhension de ces phénomènes et de la période, elles eurent toutefois le mérite d’inciter les historiens, à partir des années 1980, à rouvrir des dossiers, réexaminer des thèmes et des thèses, lancer de nouvelles recherches. De surcroît, l’essor des travaux sur les courants d’extrême droite en France se déploie dans un cadre historiographique international multipliant les comparaisons, et privilégiant les approches transnationales, mettant en évidence les circulations des idées et des hommes, les influences réciproques.