Si dans son livre autobiographique, Soixante ans de sacerdoce 1 , Léon Cristiani mentionne un certain nombre de noms propres, il ne laisse guère apercevoir quelles sont les personnes avec lesquelles il a noué des relations plus étroites. Il nous faut donc scruter de plus près quels ont été les cercles de ses relations. LE CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MOULINS Dans son récit, L. Cristiani cite d'abord plusieurs prêtres d'une génération précédente qui ont influé sur son itinéraire. Il y a d'abord le curé d'Étroussat, l'abbé Jean-Baptiste Robert (1860-1939), qui a succédé dans ce poste à son oncle, l'abbé Jean-Baptiste Chervin. C'est lui qui lui propose d'entrer au séminaire, en 1894. À cette heureuse époque d'un clergé pléthorique, on faisait apparemment difficulté pour admettre des candidats supplémentaires, surtout impécunieux, puisque L. Cristiani écrit : Le zèle de l'abbé Robert ne se démentit pas. Il plaida ma cause à l'évêché et me fit admettre, non sans quelques difficultés que je ne connus que bien plus tard 2. Mais un autre prêtre joue un rôle plus important encore : l'abbé Jean Reverzy (1853-1919), curé de Cressanges. Né à Bellenaves, il était un cousin de sa grand-mère, qui, pourtant, le connaissait peu. C'est à lui qu'elle envoie le jeune Léon afin de régler le problème de sa pension. Le curé de Cressanges se tourne alors vers l'une de ses paroissiennes fortunées, Eugénie de Dreuille, qui prend financièrement en charge le jeune homme. Des liens se sont établis avec cette famille catholique, qui donnera d'ailleurs plusieurs prêtres, puisqu'on voit, le 31 juillet 1914, L. Cristiani partir avec le fils cadet, Marc de Dreuille, pour se renseigner à Moulins sur la guerre imminente 3. L'abbé Reverzy, curé de Cressanges depuis 1890, ne perd pas de vue son protégé. Quand celui-ci revient de Rome, en juillet 1903, avant qu'il ne prenne son poste au séminaire, il l'invite à passer quelques mois à ses côtés pour l'initier à la pastorale 4. À plusieurs reprises, le livre nous les montre ensemble, en décembre 1906, au moment des procès intentés aux prêtres pour "délit de messe", après la Séparation, aussi dans l'été 1914, et enfin au début de l'année 1919, quand L. Cristiani est démobilisé. Celui-ci note comment le curé de Cressanges est atteint par la mort de son neveu à la guerre, et il dit son bonheur d'avoir pu assister l'abbé Reverzy dans ses derniers jours, en août 1919 5 .