Sachant que c’est l’asymétrie des rapport sociaux qui guide la structure des représentations portées sur les groupes, cet article cherche à aborder, dans un principe homologue, l’existence d’une relation entre les processus cognitifs qui façonnent les représentations de la ville et les inégalités au cœur des relations sociales entre individus. Est-il possible que les représentations spatiales dépendent et participent aux relations de domination sociale ? Pour cela, des agents de l’université de Strasbourg sont interrogés via la réalisation d’un Jeu de Reconstruction Spatiale couplé d’un entretien semi-directif. La construction de catégories spatiales dans les représentations est analysée et deux grands processus cognitifs sont identifiés. Enfin, la relation entre ces processus qui sont au fondement des représentations spatiales de la ville et les positions occupées dans l’espace social est abordée. Les individus qui occupent des positions sociales dominantes tendent vers un processus cognitif holistique qui conduit à la représentation d’une ville agrégative (simplifiée dans sa globalité), certainement afin de pouvoir la comparer avec d’autres villes et se valoriser entre pairs dans un contexte mondialisée. À l’inverse, les groupes occupant une position dominée tendent vers un processus analytique qui conduit à une représentation de ville exemplaire (proche de la complexité des lieux), certainement afin de pouvoir valoriser leurs connaissances et pratiques de la ville par rapport aux groupes dominants pensés comme un idéal à atteindre. Ainsi, les processus cognitifs du traitement de l’espace expriment une relation particulière à la ville qui dépend et participe également à renforcer les rapports de domination entre groupes sociaux.