Ce texte compare et confronte deux approches contemporaines de la vulnérabilité, celle de Martha Nussbaum et celle de Judith Butler. Puis, à partir de la comparaison des usages que ces deux autrices font de cette catégorie, on interroge les rapports entre les concepts de vulnérabilité et de vie bonne, et on se demande si et dans quelle mesure il est possible de faire un usage éthiquement et politiquement fécond de la catégorie de vulnérabilité sans se référer à une conception déterminée de la vie bonne. L’un des buts poursuivi ce faisant est de montrer que la référence à la vulnérabilité dans la philosophie pratique contemporaine ne donne lieu à aucun consensus et peut servir des buts théoriques et politique très différents. Si c’est le cas, c’est parce que, tout en étant solidaire d’une critique du sujet libéral classique, la référence à la vulnérabilité est compatible avec des ontologies sociales et des conceptions du sujet humain très différentes. Par conséquent, il est nécessaire de revenir sur ce qui rend les sujets vulnérables et sur ce que cette vulnérabilité signifie avant de chercher à mettre au jour les grandes lignes d’une éthique et d’une politique de la vulnérabilité.