Le diagnostic du « Tillet » à Saint-Pathus confirme le schéma d’une densification de l’occupation des plateaux au Haut-Empire. Le territoire de Saint-Pathus a fait l’objet d’observations archéologiques sur des surfaces conséquentes depuis plus de 10 ans. Celles-ci ont mis en évidence, en bordure d’un carrefour de voies anciennes, une continuité d’occupations à vocation agricole depuis la période du Hallstatt ancien jusqu’au Bas-Empire, sur les versants de deux petits talwegs convergeant vers la Thérouanne. Des indices de périodes plus anciennes ont été également observés sont forme de mobiliers lithiques piégées soit dans des loess pour le Paléolithique moyen, soit dans des couches de colluvions pour le Néolithique. Peu d’éléments diagnoses nous permettent d’avancer une fourchette chronologique précise de la série lithique découverte au cours du diagnostic. Si cet ensemble de Saint-Pathus, Le Tillet, Grande Rue nous donne peu d’informations, il confirme néanmoins la fréquentation du bassin versant de La Thérouanne au Néolithique et plus particulièrement à la fin de la séquence. En effet, la petite dizaine d’opérations réalisées sur la commune (diagnostics et fouilles) a montré une occupation du Néolithique récent et final avec un probable habitat aux Petites Ormes (Hurard et al. 2011). C’est ainsi que dans un rayon d’une dizaine de kilomètres autour de l’emprise diagnostiquée, d’autres indices sont signalés dont certains proches chronologiquement, attestant d’activités artisanales ainsi que des vestiges funéraires. Le premier est un atelier de taille du silex à Oissery, le second est un polissoir portatif à Montgé-en-Goële, le troisième est un hypogée à Forfry et le quatrième correspond aux poignards du Grand-Pressigny à Douy-la-Ramée. La présence d’un hypogée est probablement à mettre en lien avec l’habitat des Petites Ormes, en effet, les sépultures collectives sont pour celles dont les données sont disponibles édifiées au cours de l’étape 1 du Néolithique récent entre 3600-3350 av. n. è. (Cottiaux et al. 2014). Ces découvertes se placent dans un cercle d’une dizaine de kilomètres, le premier est situé à environ 1 km au sud-est, le second 5,5 km au sud-ouest et à 3,5 km au sud-est pour le troisième, montrant ainsi une densité relativement importante d’occupations au Néolithique sur le secteur du plateau de Saint-Soupplets et des Monts de la Goële. Ainsi, l’organisation qui se dégage des indices enregistrés à Saint-Pathus et environs rappelle celle observée dans le bassin aval de la Marne. Dans un premier temps, les deux territoires recèlent d’abondantes matières premières siliceuses et gréseuses : bassin versant de La Thérouanne pour le silex et Monts de Goële pour le grès (meunerie et polissoir). Dans un second temps, si l’on compare l’organisation du territoire la vallée de la Marne à la fin du Néolithique quelques similitudes semblent se dégager avec celle de La Thérouanne. En vallée de Marne, le territoire est intensément parcouru et vraisemblablement compris dans un cercle d’une dizaine de kilomètres avec le couple menhir-sépulture au centre et les polissoirs se trouvent fréquemment dans les périphéries. Quant aux habitats, ils se placent plus généralement en fond de vallée, installés directement sur un affleurement de matières premières ou à très peu de distances, permettant l’exploitation de toutes les variétés que les gîtes les plus proches, voire même sous-jacents, peuvent offrir (Brunet V. en cours). Le secteur de Saint-Pathus et environs devrait pouvoir bénéficier à l’avenir d’une recherche assidue des éléments qui constituent un territoire de la fin du Néolithique à savoir : des sites d’extraction du silex et de grès, des menhirs, des habitats. Concernant les hypogées, il faut souligner que ces vestiges sont rarement isolés, par conséquent l’on peut donc s’attendre dans les futurs diagnostics archéologiques à en découvrir d’autres à proximité. Le Hallstatt ancien est représenté par deux fosses, isolées au sein de l’emprise. Les vestiges du Haut-Empire définissent une partie d’une occupation rurale, limitée au niveau des quatre premières tranchées (Tr.2, 3, 4, 5, partie sud et Tr.15, 16, 17, 18, partie nord). L’absence de structures dans la partie ouest du diagnostic laisse penser que le site pourrait s’étendre à l’est de la surface diagnostiquée. La totalité des structures du Haut-Empire se place à l’intérieur d’un système d’enclos fossoyés accolés (enclos 1 et 2), ou elle est délimitée par un réseau viaire (chemin 1) et parcellaire (SFO 1 et 2). Le bâtiment sur poteaux mis au jour s’aligne parallèlement aux fossés des enclos et des réseaux fossoyés. La fonction agricole de l’établissement est attestée par l’identification d’une grange (UA 1). L’étude du corpus céramique du site du Tillet montre une durée d’occupation, inférieure à un siècle et couvrant une période allant du milieu à la seconde moitié du Ier s. La majeure partie des vestiges est datable du milieu du Ier s., ce qui suggère une très courte période d’installation (une génération au plus) pour ce petit établissement rural. La gestion agricole du paysage reste la principale activité de cette parcelle au cours du temps, même si la vocation céréalière a pu un temps devenir arboricole (arboriculture fruitière). L’emprise diagnostiquée est l’une des dernières grandes parcelles agricoles au nord de la commune. Elle est caractérisée par un dénivelé d’environ 3% vers le nord et présente donc plusieurs niveaux de colluvions sous la terre végétale. Les structures antiques apparaissent à environ 0,5 m sous le niveau actuel autour de 97 m NGF. A l’issue de la phase terrain, toutes les tranchées et les sondages profonds ont été rebouchés.