Il est toujours tentant de classer afin de comprendre, comme le faisaient les Victoriens, pour lesquels la taxinomie était le début de la connaissance. Mais comment classer toute la variété des revues de photographie ? On trouve des périodiques où le bain de nitrate ne s’accommode d’aucune poésie, d’autres où l’épreuve luxueusement reproduite côtoie des propos aspirant à élever l’esprit... Et encore, la plupart du temps, les nombreux genres alternent et se croisent, malgré leur ton très différent, comme dans les magazines des journaux actuels où la seule cohérence est le profil de l’acheteur (multiple, mais prévisible). Certes, leurs pages foisonnantes nous racontent l’histoire de la photographie au quotidien, et constituent une matière première pour les chercheurs, mais il n’en demeure pas moins vrai que leur richesse littéraire et photolittéraire n’a guère été exploitée. Vu l’absence de publications qui leur soient consacrées, on a dû imaginer que les revues de photographie ne parlent que de technique. On pourrait les considérer comme des publications mixtes. Elles sont surprenantes. Elles sont difficiles d’accès. Or, si on étudie ces pages aujourd’hui trop délaissées, on leur découvre un caractère individuel, puis collectif.