L’ouvrage présente deux caractéristiques qui en font l’originalité. En invitant à traiter l’électorat frontiste comme un « objet comme un autre » au sein de la sociologie électorale, l’auteure rompt avec le traitement souvent réservé au parti. En dehors de la communauté des politistes, son image est prise en étau entre une couverture journalistique souvent sensationnaliste et un marketing politique agressif. Ce travail sociologique permet justement d’échapper aux constructions médiatiques dont le vote FN peut faire l’objet, pour en étudier les modalités et particularités. Cette étude est aussi l’occasion d’adopter une perspective peu commune en sociologie électorale. Elle repose en effet sur des entretiens longitudinaux réalisés pendant plus de quinze ans auprès d’une soixantaine d’électeurs aux profils hétérogènes. Le souci de « replacer l’enquêté dans les divers contextes sociaux qu’il a pu traverser » permet de reconstituer les carrières de ces électeurs en les inscrivant dans une logique diachronique. Une approche « microscopique » a de plus été privilégiée, le terrain de l’étude se concentrant sur douze communes du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône. Pour ces raisons, ce livre constitue un vivier d’informations intéressantes pour les chercheurs en sciences de l’information et de la communication qui s’empareraient de la question.