Les pratiques et les sociabilités intellectuelles se manifestent dans différents « lieux de savoir » que sont les académies, les universités ou les bibliothèques. Les savoirs viennent à la fois à « faire corps », par leur constitution dans des ensembles et par les liens sociaux, et à « faire lieu », en étant inscrits spatialement dans les villes (Jacob, 2007). En tant que compétence individuelle, l’érudition selon l’Encyclopédie renvoie à « la maîtrise d’un savoir qui confère une connaissance profonde et étendue dans les domaines de la philologie et de l’histoire » (Brizay, 2019). Notions complémentaires, l’érudition se distingue néanmoins du savoir par une connaissance spécifique des champs historiques et philologiques ainsi que par son rapport à l’écrit. L’érudition se constitue par l’étude des textes, sous leurs différentes formes (livres, manuscrits, archives, etc.) et peut se partager oralement par la discussion ou l’enseignement. Bien que la conception disciplinaire des sciences soit anachronique au xviiie siècle, la première édition du dictionnaire de l’Académie française définit l’érudition comme « savoir, une connaissance dans les belles lettres » (1694), en excluant notamment les sciences naturelles, les mathématiques et la physique. L’érudition est une combinaison de différentes pratiques telles que la recherche d’informations, l’étude des textes anciens, la lecture et la composition d’ouvrages. Comment ces différentes pratiques sont-elles à l’œuvre à l’époque moderne ? En quoi l’érudition, comme compétence individuelle, se constitue-t-elle grâce aux interactions et aux échanges intellectuels ? Comment les lettres se conçoivent-elles comme des médias d’érudition, en plus d’être un vecteur essentiel de communication ?