Depuis trente ans, les chercheurs en sciences sociales de l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) s’intéressent à la question des déplacements de population et à leurs effets politiques, sociaux et économiques, parmi lesquels, la transformation des camps de réfugiés au Proche-Orient en villes ou quartiers de villes. Dans le cadre du programme «Lajeh – Conflits et migrations», financé par l’Agence nationale de la recherche, un géographe et deux architectes-archéo- logues ont entrepris, par le biais de relevés architectu- raux et d’entretiens, de décrire et analyser l’évolution de l’habitat d’un quartier du camp de Zaatari, dans le nord de la Jordanie, depuis sa création en 2012 jusqu’en 2018. Ce portfolio est l’occasion de présenter quelques-uns des résultats de cette enquête. La description et l’étude des transformations observées sur ces abris pendant cinq ans permettent d’évoquer les contraintes politiques, économiques et matérielles auxquelles sont soumis les réfugiés syriens, mais aussi d’observer l’ingéniosité avec laquelle ces derniers parviennent à s’affranchir de ces contraintes et à les contourner, pour répondre aux exigences de leurs besoins quotidiens et de leurs pratiques culturelles.