Dans Ellis Island, texte poétique que Georges Perec écrit pour le documentaire qu’il réalise avec Georges Bober (1980), la suspension du récit au profit de la description ouvre un espace de réflexion lyrique et autobiographique qui permet au spectateur de dépasser ces plans fixes de la caméra sur les locaux et les objets de l’île des migrants, désormais transformée en musée. Ainsi les lieux sont-ils partiellement réanimés par un investissement personnel de l’auteur. Pourtant, cette tentative de s’opposer aux silences de l’Histoire par les effets de liste et la démultiplication des intertextes s’achève irrémédiablement sur un échec et sur le constat du manque.