La ville saisie par les actes de langage
Résumé
Cet texte est l'introduction de : La ville mot à mot Marseille, éd. Parenthèses, coll. « Eupalinos », 2021.
Le propos de l'ouvrage est de montrer que depuis les travaux fondateurs des années 1960-1970 (Lefebvre, Choay, Claval), le questionnement sur le langage en études urbaines a évolué avec le temps. De même que la sémiologie urbaine était au service d’une critique du fonctionnalisme en urbanisme et rappelait l’importance des représentations, de l’imaginaire, des cheminements, etc., donnant à la ville un sens et une poétique, nos questionnements actuels en matière langagière s’ancrent dans un autre contexte, celui notamment de la ville sans limite, diffuse, financiarisée, en prise avec le changement climatique, etc., lesquels ne sont sans doute pas moins engagés qu’hier dans un débat sur la production de la ville.
Le déploiement des réseaux numériques, l’essor de l’économie de fonctionnalité (blablacar, airbnb, etc.), la volonté grandissante de réguler « intelligemment » les flux urbains (smart city), etc., ont rendu manifeste un trait essentiel des villes : leur production ne mobilise pas que des ressources matérielles. La transition numérique transforme profondément les modes de conception et de réalisation des ouvrages, mais il serait réducteur de considérer que seuls les outils mathématiques et les algorithmes constituent cette part immatérielle de la formation des espaces bâtis et non-bâtis. Comme l’ont précisément montré les travaux passés des sémiologues de l’urbain, le langage est, lui aussi, un puissant mode de codage.
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