Au début de l’année 2020, la Covid nous est non seulement tombé sur la tête, mais avec lui les masques sanitaires nous sont aussi tombés sur le nez. Cela dit, Covid et masques sont-ils vraiment indissociables ? Le refus d’étendre le port du masque au grand public puis son imposition ont-ils un sens ? Le recul de la maladie signifie-t-il pour autant la disparition de cet accessoire censé nous en protéger ? Autrement dit, s’agit-il d’une mode éphémère, ou d’un nouvel article de mode ? Et parler « du » masque ne nous induit-il pas en erreur, quand il faudrait plutôt tenir compte des mille variants de cet objet qui ont proliféré ? À qui profitent ces masques ? À ceux qui les promeuvent, fabricants et autorités sanitaires, et/ou au public auquel ils sont destinés ? Ici aussi, le pluriel ne serait-il pas plus pertinent que le singulier ? Les masques se comprennent-ils de la même manière, selon qu’on les destine à des enfants, à des premiers de corvée, à des soignants ou à des commerçants particulièrement exposés ? Au-delà de son usage sanitaire, le masque est-il porteur d’enjeux environnementaux, selon qu’il est jetable ou « fait maison » ? Et quand le masque est-il vraiment « venu à nous » : avec la Covid, ou beaucoup plus tôt, au gré d’une dynamique plus discrète et plus ancienne ? Qui peut légitimement énoncer la vérité du masque ou des masques ? Les autorités scientifiques et sanitaires, les responsables politiques et économiques ? Ou le public profane voire complotiste a-t-il son mot à dire ? Cet ouvrage foisonnant apporte des éléments de réponse à ces questions et à bien d’autres encore. Il mobilise pour cela un très riche éventail de données : des archives historiques, des milliers de témoignages recueillis lors des moments clés de la crise sanitaire, des entretiens, un forum de discussion sur Internet, des articles de presse et les commentaires des lecteurs sur ces articles, des références de seconde main, et de nombreux autres éléments. Ce livre a été conçu et écrit à huit mains par une équipe de spécialistes de sociologie des sciences et des techniques, des marchés, de la santé et de l’action publique qui ont travaillé ensemble dès les tout débuts de la crise sanitaire dans le cadre d’un projet de recherche nommé « Maskovid ». Le masque sanitaire sous toutes ses coutures porte bien son titre, en explorant tous les plis du masque pour nous aider à mieux comprendre, enfin, comment apprivoiser cet intrus venu soudain envahir mais aussi protéger nos vies.