Face à l'évolution d'un espace public issu de la loi de 1881, émerge, au cours de la première partie du XXe siècle, en France, une volonté de réforme capable d'apporter en particulier à la presse d'opinion les moyens de résister à certaines des dérives connues. Poursuivant l'objectif d'inventer une possible autonomie de la décision rédactionnelle, le projet, entrepris dès 1917 et particulièrement étendu après la Libération, est remarquable par le souhait d'éloigner une double tutelle pour ne faire dépendre la presse « ni de la puissance gouvernementale ni des puissances d'argent ». L'article vise à souligner la dynamique de la construction d'une inspiration intellectuelle aux aspects pluriels, constituée à partir des contributions politiques du catholicisme social ou encore de l'Ecole de Nîmes favorable à l'essor de l'économie sociale, comme philosophiques, se rattachant au personnalisme ou encore au début de l'existentialisme. Les différentes voies de réforme qui s'en dégagent servent à structurer l'essentiel de la succession des élaborations législatives, qui, principalement entre 1944 et 1947, tendent à dessiner un modèle durable d'organisation de la presse française.