A la suite des élections municipales de 2020, la Ville de Montpellier a développé une politique sous le vocable « renouveau démocratique ». Ce « renouveau » vise à adopter : « plusieurs dispositions pour redonner à la citoyenneté tout son rôle, en créant les conditions d’un dialogue apaisé et respectueux, indispensable pour restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions. Les Conseils de quartier font partie intégrante de ce nouveau souffle démocratique ». L’objectif affiché était de proposer aux habitants de contribuer aux projets d’aménagement de leur quartier, de formuler des propositions directement aux élus. L’institution s’engageait à accompagner les initiatives des habitants. Le calendrier de ce « nouveau souffle démocratique » est commun avec la mise en place « concertée » des Zones à Faibles Emissions (ZFE) sur la Métropole de Montpellier. Afin de conjuguer et trouver un point équilibre entre les inégalités sociales et environnementales, les pouvoirs publics mettent en œuvre des dispositifs de concertation sous le vocable à la mode de « participation citoyenne » à travers des projets d’aménagement autoroutiers ou encore la mise en œuvre d’une offre alternative de déplacements doux, de covoiturage. L’enjeu participatif et de la qualité de l’air se retrouvent ainsi de facto étroitement entremêlés. Nous proposons à travers notre communication de décrire la mise en œuvre de ce « renouveau démocratique » en discutant des apports et limites d’une approche analytique originale développée dans le cadre du projet participatif BREATHE financé par l’ANR (2019-2023) développant une réflexion autour des enjeux de pollutions de l’air extérieur. Les sciences participatives relèvent de multitudes de pratiques historiquement situées (Charvolin et al. 2007 ; Strasser et al. 2019 ; Houllier, 2016, Crosier et al., 2013) et sont pris dans enjeux d’ordre épistémologiques et institutionnels importants. Leur multiplication récente impose une épreuve de taille pour la recherche, d’autant plus sur des objets socialement et politiquement vifs autour des enjeux de participation et environnementaux. Les défis à relever sont très nombreux : un défi d’ordre épistémologique sur les conditions de pratiques de l’interdisciplinarité (Bedessem, 2020) – un défi de légitimité scientifique quant à la qualité et à la robustesse des analyses produites (Bœuf et al., 2012) – un défi social et politique d’émancipation par la monté en capabilité des citoyens (Bela et al., 2016) – un défi environnemental quant à l’efficacité des actions produites (Salles, 2014 ; Dosias-Perla et al., 2020) – un défi éthique quant aux catégories sociales mobilisées dans ce type de dispositif participatif (Ethique, Leduc, 2015). Doux euphémisme, les recherches participatives restent en quête de légitimité scientifique, dans un contexte où plus généralement les Sciences Humaines et Sociales peinent encore à s’émanciper des pouvoirs tutélaires et du contexte institutionnel potentiellement source d’instrumentalisation de la connaissance scientifique (Berthelot, 1996). Assumant une posture volontaire de créer les conditions d’émancipation sociale et environnementale, les sciences participatives doivent affronter un double déficit : déficit d’intégration des citoyens dans la fabrique dite « participative » des politiques publiques (Blondiaux, 2008 ; Blondiaux et Fourniau, 2011; Fourniau, 2007) et déficit d’efficacité chronique des politiques d’efficacité des politiques publiques notamment sur les questions socio-environnementales (Chevigné, 2003; Salles, 2006; Chevalier et al. 2007 ; Comby, 2015); comme la qualité de l’air (Chateauraynaud et al., 2013, Scotto d’Apollonia et al., 2019), la biodiversité (Julliard, 2017 ; Salle, 2014), la qualité des sols (Fortmann, 2009), ou des eaux (Jollymore et al., 2017 ; Henriksen et al., 2009). Cette communication propose de développer une épistémologie comparée des sciences participatives et d’aborder les enjeux analytiques pour les SHS. Pour cela nous proposons d’aborder différents terrains investis au sein du projet du projet ANR BREATHE permettant de décrire et d’analyser ces processus participatifs présentés comme un « renouveau démocratique », leur impact réel à la fois sur le processus de décision et sur l’efficacité environnementale. Plus largement, nous proposons d’ouvrir une réflexion sur les apports et les limites de ce type d’approches méthodologiques et leur complémentarité avec d’autres modalités d’enquêtes plus classiques. Pour cela nous proposons d’articuler notre réflexion critique et réflexive : (i) quelle institutionnalisation de la participation citoyenne ? (i bis) quelle institutionnalisation de la recherche participative et de la métrologie de l’air co-construite par les citoyens ? (ii) quel(s) impact (s) sur la politique publique d’amélioration de la qualité de l’air ? (iii) comment nous, chercheurs, pouvons nous travailler de manière participative ou sur la participation à l’échelle d’un territoire sur le sujet même de la participation et avec quelle prise de distance, quelle posture de recherche, quelle réflexivité ?