Nous étudions la sympathie en tant qu'élément organologique, phénoménologique et esthétique des cordophones à clavier (famille des clavicordes, clavecins, pianos), tant pour le timbre que pour les modes de jeu, les styles d!interprétation et l'écriture. Du point de vue organologique, différents systèmes d'étouffoirs existent, placés sur divers segments de cordes, pour certains types d!instruments, mais pas pour tous. Ils définissent, de façon permanente ou de façon intermittente sous le contrôle de l!instrumentiste, les cordes ou ensembles de cordes mises en vibration sympathique. Du point de vue phénoménologique, la sympathie présente tout une gamme d'effets sonores, qui s'apparentent à la réverbération et à la résonance. Du point de vue esthétique, la sympathie est soit statique, une donnée du timbre de l!instrument (par exemple pour le clavicorde ou les cordes aliquotes du piano), soit dynamique, contrôlée et évoluant dans le temps. Le contrôle dynamique de la sympathie dans la pédalisation est devenue un des éléments esthétiques du jeu pianistique au cours de l'évolution musicale. L!instrument comme corps résonant a pris de l!importance dans la musique contemporaine : le jeu ou le chant dans l!instrument, la percussion, le piano préparé sont autant de façons d!exploiter la résonance pour créer des sonorités, des modes de jeu, des figures musicales nouvelles. Même si les cordophones à claviers ne sont généralement pas considérés comme des instruments à cordes sympathiques, c!est dans cette famille d!instruments que la sympathie a dépassé le stade d'élément statique du timbre instrumental pour devenir un élément de discours musical et de son interprétation, élément avec lequel on compose.