La littérature scientifique met en évidence que souffrir de maladies chroniques peut entraîner des trajectoires non normatives dans l’évolution des traits de personnalité (e.g., Jokela et al., 2014). Cette évolution non normative (i.e., déclin ou augmentation plus marquée d’un trait par rapport à une trajectoire normative) augmente les risques de dégradation de l’état de santé (e.g., fonctionnement cognitif ; Graham & Lachman, 2012). Dès lors, un des enjeux dans l’accompagnement des maladies chroniques est d’identifier comment contrecarrer ces évolutions non normatives des traits de personnalité. Parmi les différentes pistes envisagées, la pratique d’activité physique (AP) est associée au renforcement des évolutions normatives des traits (e.g., Stephan et al., 2014). Ce travail de recherche visait donc à identifier si la pratique d’AP pouvait modérer les trajectoires non normatives de certains traits de personnalité chez des individus atteints de maladies chroniques. Les participants de cette étude étaient 1893 personnes souffrant d’au moins une maladie chronique issues d’une cohorte nord-américaine (la Health and Retirement Study). Des analyses multiniveaux montrent que les individus qui pratiquent le plus d’AP présentent une réduction du déclin de l’extraversion, du caractère agréable et du caractère consciencieux, indépendamment de facteurs sociodémographiques, comportementaux et cliniques. Les demandes émotionnelles, cognitives et comportementales nécessaires à une pratique d’AP régulière pourraient renforcer ces traits de personnalité et ainsi diminuer leur déclin. En conclusion, cette étude apporte des connaissances supplémentaires sur le rôle protecteur de l’AP dans l’évolution non normative des traits de personnalité chez des individus atteints de pathologies chroniques.