Ce livre se propose de montrer comment le savoir médical présent dans les différents regimina sanitatis qui circulent amplement dans la culture médiévale, que ce soit dans la Naples angevine fréquentée par le jeune Boccace ou à Florence, est un élément clé pour comprendre en profondeur le 'Décaméron'. On s’y focalise sur la vie des sept jeunes femmes et des trois jeunes gens constituant la compagnie des narrateurs, mais il va de soi que les nouvelles apparaissent également ici ou là. Alors que les gestes, les comportements et les rituels adoptés par cette 'lieta brigata' ont presque toujours été interprétés comme un élément décoratif, l’ouvrage cherche à démontrer, sur une base textuelle rigoureuse, qu’il en va tout autrement. Ce qui apparaît, à première vue, comme la marque d’une société ludique et ordonnée obéit au contraire à la nécessité de détourner et de vaincre la mélancolie qui pourrait détruire la société choisie des conteurs, une communauté civilisée se voulant le miroir d’une civitas où les lois du vivre ensemble, initialement présentées comme détruites, régissent à nouveau la vie humaine. Ce que l’on a l’habitude d’appeler «histoire cadre» cesse de la sorte d’être accessoire pour reprendre le rôle central que la savante mise en scène de Boccace lui a donné.