L’engouement actuel autour de la circulation des fake news est symptomatique d’une époque souvent appelée « post-vérité », faisant référence à un phénomène dans lequel les faits considérés comme objectifs auraient moins la capacité d’influer sur l’opinion publique que des faits touchant à l’émotion et à des jugements personnels. En ce sens, la circulation des fake news et l’adhésion des individus à ces informations suscitent la question de « […] la perte de confiance dans les médias classiques ou dans les autorités » (Huyghe, 2018, p. 87). Afin de reconquérir la confiance des citoyens et de (re)crédibiliser les informations diffusées, des acteurs médiatiques multiplient les pratiques du fact-checking. Dans ce cadre, nous analysons les processus de vérification de faits mis en place par trois médias d’information en ligne brésiliens qui se veulent spécialisés dans les pratiques du fact-checking. Notre analyse se concentre sur la période des dernières élections présidentielles au Brésil, en prenant en compte seulement les articles publiés sur les sites de ces trois médias pendant le mois d’octobre 2018. Nous faisons l’hypothèse que les processus de vérification de faits sont présentés par ces médias d’information en ligne de manière à créer une rhétorique de la transparence – rhétorique, car il s’agit bien de mettre en place des techniques discursives capables de créer un effet de transparence. Autrement dit, pour expliquer pourquoi une information est fausse ou erronée, le journaliste expose sa manière de travailler, présente la méthodologie utilisée, donne des preuves et révèle ses sources : il faut bien « donner à voir » la vérification pour que celle-ci puisse être légitime.