À partir d’un article important d’Elme-Marie Caro, grand contempteur du système positiviste, il s’agira de lire la poésie de Louise Ackermann (et en particulier son recueil majeur, Poésies philosophiques, 1871) au prisme du positivisme. Le critique postule à raison que le désespoir du poète est le fruit de l’un des piliers du positivisme : l’impossibilité à pouvoir prétendre jamais découvrir les causes premières et les destinées finales. Il en conclut que les positivistes ont trouvé en elle une belle plume. Nous chercherons à mesurer cette affirmation en montrant les rapports complexes que Louise Ackermann entretient avec la pensée comtienne : loin de se plier à la conception ancillaire de la poésie telle que l’élabore Comte, Ackermann prend acte de cette béance épistémique, prend effectivement élan sur elle, et invente une forme de lyrisme inquiet plus proche du pessimisme des nihilistes que de l’optimisme comtien.