Marche de la nature et système du monde
Résumé
Entre le manuscrit Favre et l'Émile, Rousseau accentue son refus du projet encyclopédique. En récusant l'apprentissage de la physique systématique par le pré-adolescent, il défend une généalogie des sciences respectueuse de l'éveil progressif des facultés. L'enfant qui doit par luimême « inventer » les sciences pour les apprendre ne peut parcourir d'emblée la « chaîne » des connaissances ; il ne peut s'élever de manière précoce jusqu'aux complexités du « système du monde ». Pas plus que l'héliocentrisme de Copernic, les systèmes de Galilée ou de Newton ne peuvent être enseignés à la jeunesse : à tous égards, la mathématisation de la nature demeure hors de portée pour la raison puérile. Maintenant la physique dans le prolongement de la perception sensible, insistant sur l'aiguillon spontané de la curiosité, Rousseau congédie l'usage des mauvaises abstractions dans l'éducation. Tout en récusant un certain usage de Newton-à l'usage des enfants sinon des femmes-, le manuscrit Favre et l'Émile inventent ainsi une alternative à l'arborescence des sciences présentée dans l'Encyclopédie.
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