Peu connue des milieux francophones, Hoda Elsadda est, aujourd’hui, une référence incontournable de la recherche menée sur les sociétés du Maghreb et du Machrek dans les milieux universitaires arabophones et anglophones. Ses recherches couvrent les études sur le genre, l’histoire orale, la littérature, l’histoire intellectuelle, les mobilisations politiques et, enfin, la production et la circulation des savoirs dans une perspective postcoloniale. De plus – et elle le revendique d’ailleurs pleinement –, sa trajectoire académique est intimement liée à son engagement politique et militant : mobilisations pour les droits des femmes et contre les intrusions policières dans les universités, engagement politique et participation dans des instances de réforme gouvernementale, implication dans des initiatives de diffusion et de traduction de la recherche arabophone, création de fonds d’archives permettant d’écrire une contre-histoire des femmes. Le récit qu’elle nous offre sur les différentes étapes de sa vie, au Caire où elle est née en 1958, à Beyrouth où elle a vécu les premières années de la guerre civile, à Oxford où elle a préparé une partie de sa thèse, à Manchester où elle a été professeure pendant six ans avant de retourner au Caire en 2011, nous renseigne sur le développement du milieu universitaire et militant en Égypte, et il nous éclaire aussi (voire surtout) sur les crises, les doutes, les espoirs et les multiples revirements qui peuvent marquer une trajectoire d’intellectuelle engagée.