Les oxydes métalliques se trouvent en abondance dans la nature mais dans des états souvent très éloignés de la pureté de forme et de couleurs de certains minéraux sous leur forme cristalline ! D’ordinaire mêlés à d’autres éléments, ils apparaissent le plus souvent sous forme de roches sans intérêt ou de terre colorée. Pourtant ils ont été identifiés et employés très tôt par les sociétés humaines, qui ont alors exploité les spécificités de leurs caractéristiques physiques et chimiques : en premier lieu, un fort pouvoir colorant associé à un large éventail d’aptitudes et de savoir-faire, et ultérieurement une capacité à être mis en forme grâce à leur transformation en métal, ce qui est découvert dès la fin du Néolithique. Alors que le thème des matières colorantes au Paléolithique est souvent abordé sous l’angle culturel et que celui du métal pour les périodes plus récentes l’est davantage sous le prisme technologique, cette exposition s’attachera à créer un pont entre ces perspectives. Les oxydes métalliques seront ainsi considérés dans une approche des techniques, du Paléolithique au tournant du premier âge du Fer : à quoi ressemblent ces oxydes métalliques ? comment sont-ils choisis et prélevés dans la nature, puis travaillés ? quelles sont les différences technologiques dans leur travail pour obtenir et utiliser des colorants et des métaux et existe-t-il quelques pratiques communes ? La question de la diversité des usages de ces oxydes métalliques conduit ensuite à évaluer les valeurs qui leur sont associées. Alors même que l’on observe des évolutions évidentes d’un point de vue technologique, on constatera que les préoccupations entourant ces matériaux et la sphère de leurs utilisations ne sont pas radicalement différentes : utilisations du quotidien, parures, objets décorés, reflets de modèles sociaux, de pensées artistiques et symboliques. Cette exposition vise ainsi, dans une approche transchronologique, à présenter les dernières recherches archéologiques et scientifiques sur les oxydes, tant sous leur forme de matières colorantes aux usages diversifiés que d’objets métalliques, et à observer les sociétés pré- et protohistoriques dans leurs relations techniques, quotidiennes, culturelles et symboliques avec ces matériaux. Cette exposition permettra de valoriser des collections (dont celles du MNP) encore peu connues du grand public et rarement présentées dans une telle transversalité des interrogations. Elle bénéficie aussi de prêts exceptionnels consentis par diverses institutions en France et à l’étranger et permet de voir des pièces qui n’avaient encore jamais été montrées au public.