Cet article propose un double regard, celui de l’ethnomusicologue et celui du préhistorien sur l’étude des sensorialités. Le geste, au centre de toute activité technique et musicale, constitue l’une des clés d’accès. Les perceptions sensorielles du préhistorien permettent d’avancer des hypothèses sur celles de son autre lointain. Quels que soient le lieu et l’époque considérés, on peut supposer que l’artisan éprouvera par le toucher les qualités physiques immuables des matières premières et y adaptera son geste technique. De même, à éclairage équivalent, sa perception de l’espace et de la lumière guidera ses pas dans un espace souterrain peu éclairé. L’ethnomusicologue, quant à lui, combine ethnographie des apprentissages, analyse physique du mouvement et dispositif expérimental pour comprendre les sensorialités musicales des musiciens. L’emploi des archives sonores sur le terrain implique les musiciens dans une écoute du passé permettant à l’ethnomusicologue d’interroger les musiciens sur leurs perceptions des performances passées et contemporaines.