Après-coup : les histoires différées d'une photographie de 1915 dans l'art des années 1980
Résumé
What does an exhibition at the Los Angeles County Museum of Art in 1980 share with David Diao’s paintings of the mid-1980s, and with the anonymous project The Last Futurist Show held in Belgrade in late 1985-early 1986? Each of them translates and rematerializes the same photograph: the partial view of one of the walls that Kazimir Malevich covered with Suprematist works at the Last Futurist Exhibition of Paintings 0,10 (zero-ten) in Petrograd in late 1915-early 1916. This article inquires about these three “returns upon exhibition” and aims to show that their readings of the past resonate strongly with the present of the 1980s without succumbing to the easy trap of the linear narrative, to the cliché of the heroic discourse or to the seduction of the spectacular.
Qu’ont en commun une exposition du Los Angeles County Museum of Art en 1980, un cycle de peintures de l’artiste David Diao du milieu des années 1980, un projet anonyme tenu à Belgrade fin 1985-début 1986 sous le titre The Last Futurist Show ? Tous traduisent et matérialisent une même photographie : la vue partielle d’un des murs que Kazimir Malevitch couvrit de tableaux suprématistes lors de la Dernière exposition futuriste de tableaux 0,10 (zéro-dix) à Petrograd entre décembre 1915 et janvier 1916. L’enquête menée dans cet article cherche à montrer comment, malgré les différences notables entre ces trois « retours sur exposition », la lecture du passé retentit d’actualité dans l’à-présent des années 1980 sans succomber à la facilité du récit linéaire, au poncif du discours héroïque ou à la séduction du spectaculaire.