Analyse du Rôle Acoustique de la Fausse Table de Piano
Résumé
Les pianofortes français construits entre la fin du XVIIIe siècle et jusqu’au milieu du siècle suivant possèdent une particularité qui ne se retrouve que rarement sur les pianos issus des autres écoles de facture : ils sont en effet munis d’une fausse table, une plaque mince en bois placée au-dessus du plan de cordage de l’instrument. Le rôle de la fausse table n’a pas été véritablement étudié et est difficile à identifier a priori avec précision. Il est probable que ce panneau, dont le matériau et l’épaisseur ont évolué avec le temps, induise un rayonnement acoustique qui s’ajoute à celui produit directement par la table d’harmonie. L’objectif de l'étude, menée en collaboration entre le Musée de la musique et le Laboratoire d’Acoustique de l’Université du Mans, est de préciser ce point au moyen d'une étude expérimentale de la directivité et du niveau sonore émis par le facsimilé d'un piano Erard datant de 1802 : la comparaison des spectres à long terme d'enregistrement d'une pièce musicale jouée dans des conditions identiques dans une chambre anéchoïque, en présence et en l'absence de fausse table, révèle une différence significative et répétable. Une amplification de 5dB est obtenue en présence de la fausse fable dans la plage de fréquences [400Hz-600Hz]. Pour un ensemble de notes représentatives de l'instrument, des mesures de pression acoustique, effectuées avec une antenne microphonique et une analyse par formation de voies, permettent par ailleurs d'identifier une distribution de monopoles équivalents à l'instrument. L'étude révèle que le rayonnement de la table, diffracté par l'obstacle que constitue la fausse table, est modifié dans la plage de fréquences [400Hz-600Hz]. L'effet de la table tend ainsi à déplacer les sources acoustiques équivalentes en direction du pianiste et donc à renforcer l'intensité perçue dans une plage de fréquences caractéristiques.