Dans le cadre du Collegium Musicæ de Sorbonne Université, les liens entre recherches en musicologie et en acoustique sur les instruments de musique se développent depuis plusieurs années. Partant de méthodes de recherche très contrastées, ces différentes disciplines se retrouvent autour de la pratique musicale et de l’étude de la performance musicale. En impliquant l’instrumentiste dans les travaux, l’acoustique musicale devient une acoustique de l’interprétation musicale, dont l’objet d’études est non pas l’instrument de musique mais le complexe instrumentiste-instrument. La mise en contexte de jeu, dans ses démarches, de l’instrument de musique permet d’y intégrer les traits saillants que la communauté musicale utilise pour en comprendre la nature. Deuxièmement, elle permet de mettre en question, à partir de la technique de jeu, la manière dont l’instrument peut être sollicité lors des mesures acoustiques et mécaniques. Une telle démarche a été proposée pour l’analyse comparative de deux instruments appartenant à la famille du piano : un piano à queue moderne et le facsimile contemporain d’un pianoforte historique, s’inscrivant dans la facture viennoise du début du XIXe siècle. Les enjeux de reconstitution de l’esthétique et de la technique de jeu pour ce genre d’instruments ont été une étape cruciale du développement des pratiques dites « historiquement informées » au piano. L’étude d’un outil d’excitation et de mesure pour enfoncer les touches des deux pianos a permis de mettre en cause son usage vis-à-vis des différentes techniques de jeu, ce qui peut offrir une direction pour la mise en lien entre spécificités de facture et de jeu.