Lors de fouilles dans les années 2002-2005 autour de la pyramide du pharaon Nebkheperrê Antef, située sur la rive ouest de Louxor, dans la nécropole de Dra’ Abou el-Naga, les archéologues ont trouvé trois harpes. L’une d’entre elles est dans un état de conservation exceptionnel en dépit de son aspect fragmentaire au moment de son exhumation. Après restauration, le corps de l’instrument taillé dans une seule pièce de bois est entier et même une partie de sa table d’harmonie en peau a survécu aux outrages du temps. La rareté de ce type de vestige a incité à mettre en place une étude interdisciplinaire pour essayer de tirer le maximum d’informations de l’objet, dont une analyse sur ses propriétés acoustiques. La qualité sonore de cette harpe de l’Égypte ancienne ne pouvant pas être appréhendée à partir du vestige archéologique, une copie de l’instrument a été réalisée par une luthière qui avait déjà une expérience dans la reconstruction de cordophones antiques. Elle est partie d’un relevé archéologique précis des dimensions de l’original et a tenu compte des différents types de bois identifiés pour le corps, le cordier et les « chevilles ». L’analyse vibratoire et acoustique de cette copie a permis, d’une part, de mieux saisir l’expertise des artisans de l’Antiquité qui ont conçu ce cordophone vers 1600 avant notre ère et, d’autre part, d’ouvrir une réflexion sur l’accordage de l’instrument. De plus, une comparaison avec l’acoustique de harpes actuellement fabriquées et jouées en Afrique Centrale montre des propriétés proches, mettant en lumière une conception qui présente des caractéristiques similaires, malgré des choix différents de facture.