Dans les instruments à vent, les éventuels trous latéraux peuvent être décrits comme une série de résonateurs en parallèle du tube principale. Aux fréquences des résonances de ces tubes (quart d’onde pour une cheminée fermée et demi onde pour une cheminée ouverte), les ondes acoustiques y sont piégées et ne se propagent pas dans la partie aval de la perce principale. Lorsque la cheminée est fermée, elle joue donc le rôle d’un filtre coupe-bande pour le son rayonné. Ces cheminées influencent également l’impédance d’entrée des instruments et donc possiblement l’oscillation de l’anche. Pour la plupart des instruments de la famille des bois, les fréquences caractéristiques des cheminées sont de l’ordre de quelques dizaines de kilohertz. Les bassons ont des cheminées particulièrement longues avec des fréquences caractéristiques autour de 2 kHz. Il s’agit d’un héritage des instruments anciens sans clés dont les trous sont percés de manière oblique à travers d’épaisses parois afin de concilier les contraintes acoustiques et ergonomiques. Cette spécificité a été conservée jusqu’à aujourd’hui malgré les développements techniques. Pour mettre en évidence les effets de ces cheminées sur l’oscillation de l’anche et le son rayonné, nous présenterons des mesures de sons produits par une bouche artificielle sur un basson simplifié (un cône percé de 3 trous) dont les longueurs des cheminées sont ajustables. Afin d’étudier l’importance de ce phénomène dans des instruments plus complexes, nous étudierons également des mesures avec bouche artificielle menées sur des bassons français et allemand dont les longueurs de cheminées diffèrent sensiblement.