En 1984 à l’occasion d’une fouille de sauvetage urgent, puis de 1988 à 1993 dans le cadre d’une série de six campagnes de fouille de sauvetage, était mis au jour à Orange, au sud-est du théâtre antique et sur une surface voisine de 3000 m², un quartier d’habitations antiques. Ont été reconnues alors vingt-cinq domus ou parties de domus appartenant à deux états distincts du quartier, réparties dans deux ilots situés de part et d’autre d’un decumanus secondaire. Cet ensemble est encore quasiment inédit, hormis une présentation de l’architecture dans les Actes du colloque international « La Maison urbaine d’époque romaine en Gaule narbonnaise et dans les provinces voisines », tenu à Avignon en novembre 1994 (Documents d’archéologie vauclusienne, 6, 1996). Les éléments stratigraphiques et l’étude des vestiges bâtis, dont celle des décors des sols et des murs, dessinent très clairement deux états : le plus ancien relève de la première implantation coloniale à Arausio, dans les dernières décennies précédant le changement d’ère ; le second, après la destruction du quartier consécutivement à une inondation, est daté du deuxième quart du Ier siècle après J.C. au plus tôt ; l’abandon définitif du quartier survenant au cours du IIIe siècle. Si les sols en béton de la phase ancienne, parfois décorés, ont été présentés par J.-M. Mignon et I. Doray lors du colloque international « Pavements et sols en béton : vocabulaire, techniques, diffusion » tenu à Aix-en-Provence en avril 2017 (Ausonius, Mémoires, 59), les pavements en mosaïque sont demeurés totalement inédits. Ces pavements, au nombre de dix, appartiennent essentiellement à quatre domus du site (domus A, B, C, D4 et E2) du second état du site, et plus précisément aux pièces de réception et/ou de résidence de ces habitations. L’étude architecturale des vestiges a notamment permis de localiser et décrire les accès à ces pièces et, à partir d’une série de critères tenant à leur situation, distribution, exposition, dimension ou ornementation, de restituer leur ambiance en termes d’ensoleillement, d’éclairement, de confort thermique ou de décoration, et de préciser ainsi leur fonction au sein de l’habitation. Pour quelques-unes de ces pièces, la découverte de fragments conséquents de leur décor pariétal, puis l’étude de ces ensembles par le Centre d’Étude des Peintures murales romaines de Soissons, autorisent une restitution très complète de ces ambiances. L’étude des pavements vient donc compléter la connaissance de cet important quartier de l’Arausio antique, en les replaçant dans leur contexte architectural, ornemental et chronologique.