Visant à réduire les inégalités sociales et territoriales de santé, les Ateliers Santé Ville (ASV) sont un dispositif de la politique de la ville inspiré du modèle de la santé communautaire. Cette « démarche » innovante fondée sur la participation citoyenne et la concertation des différents acteurs de santé, fait face à un morcellement de son périmètre d’action et à des logiques financières et institutionnelles venant contrer le principe d’action ascendante revendiqué. Prises en étau entre des pratiques novatrices, bien qu’assez floues, et les logiques de diffusion du New public management, les coordinatrices ASV, seules à faire exister la démarche, sont les agents d’un secteur doublement dominé (institutionnellement et professionnellement), ainsi que féminisé et précaire. Défenseures de la démarche, dans une posture, pour certaines presque militante, elles s’accommodent alors plus ou moins bien, selon leurs dispositions sociales, des injonctions contradictoires qui découlent des différentes cartes utilisées. Malgré un climat d’incertitude généré par la transformation répétée de la géographie prioritaire, il s’agit de voir comment les coordinatrices mettent en place des « bricolages » plus ou moins efficaces leur permettant d’ajuster des thématiques très localisées à des injonctions au contraire plus globales.