À la lumière des travaux en sociolinguistique et en sociophonétique, la réalité même du construit d'accent conduit à reconsidérer la manière dont les productions des individus, considérés comme « étrangers », sont perçues au prisme du mythe du natif. Au-delà d'un simple constat porté depuis longtemps par les sociolinguistes, il s'agit de poser la question des idéologies qui nourrissent, de manière spécifique en France hexagonale, l'idée d'un « bon locuteur » ou d'une « bonne locutrice ». Entre utopie et dystopie, nous cherchons à questionner la nécessité d'un changement de paradigme en didactique des langues qui permette aux individus de construire une forme d'agentivité individuelle et un cadre institutionnel et social plus favorable à l'émergence d'une sécurité linguistique et citoyenne. Mots clés prononciation, accent, sociophonétique, utopie Malgré toutes les preuves irréfutables que toutes les langues changent, les gens continuent de croire dur comme fer qu'une langue homogène, standardisée, universelle est non seulement souhaitable, mais aussi une vraie possibilité. Ceci nous ramène à notre scénario de science-fiction du début dans lequel les conséquences positives d'un monde où nous serions tous de la même taille et du même poids seraient si attrayantes, si séduisantes, que nous en ignorerions les réalités biologiques et les lois de la physique (Lippi-Green, 1997 : 47 traduit en français par Planchenault, 2019 : 154).