Cette contribution prend appui sur les résultats d’observations réalisées dans le cadre d’un doctorat, et visant à une meilleure compréhension des pratiques d’éducation à l’information-documentation, en phase initiale d’apprentissage (6e et 2de). L’hypothèse qui sous-tend cette recherche est que les pratiques pédagogiques des documentalistes de CDI travaillant dans un environnement d’apprentissage informatisé, au-delà de leur apparente diversité, expriment le plus souvent un projet pédagogique proche : un projet fortement ancré dans l’espace-temps des centres de documentation et d’information (CDI), et ne prenant véritablement tout son sens que par des interactions réciproques entre l’environnement, les enseignants et les apprenants. Pour rendre compte de la complexité des pratiques, on les a abordées de manière globale, systémique, en considérant l’environnement dans lequel elles s’inscrivent et en étudiant l’interdépendance des comportements en présence. La méthodologie retenue a été celle de la triangulation élargie, croisant les observations de terrain dans quatre établissements parisiens à public scolaire différencié (trois collèges et un lycée) avec la parole des enseignants (entretiens) et des élèves (questionnaires). L’étude des interactions a permis de faire émerger des dynamiques en réponse au questionnement de départ : le rôle de l’environnement (dans ses dimensions physique et symbolique) comme structure porteuse de sens, le processus étant à la fois ascendant et descendant ; l’importance des moments collectifs comme élément essentiel, à travers les interactions et échanges, à l’entrée dans la « culture de la pratique » documentaire et informationnelle ; la difficile articulation entre l’enseignement documentaire et l’enseignement disciplinaire, qui expriment des conceptions divergentes de l’apprentissage et du document ; et les limites du processus d’adaptation des documentalistes aux élèves et réciproquement, considéré dans une logique d’autonomisation des élèves.