L’enseignement de l’architecture à Lyon trouve des origines lointaines dans un enseignement du dessin initié dès 1676 puis une école gratuite de dessin créée en 1756. Cette école sera transformée en 1805 pour devenir une école des beaux-arts comprenant une classe d’architecture. Les professeurs des diverses classes 1 dispensent un enseignement permettant à leurs élèves d’obtenir de nombreuses récompenses aux concours d’émulation. La classe d’architecture de l’école des beaux-arts de Lyon devient une véritable « prépa » pour intégrer les ateliers parisiens et l’école des beaux-arts de Paris. Plusieurs élèves « lyonnais » s’y distinguent obtenant maints accessits au prix de Rome, la consécration suprême étant le premier grand prix de Rome obtenu par Tony Garnier en 1899. Ce riche héritage culturel et institutionnel bénéficie à l’école régionale d’architecture de Lyon créée en 1906. L’ERAL devient la plus importante école de province tant du point de vue de ses effectifs ou des mentions, médailles et prix attribués à ses élèves. Elle connaît une certaine stabilité pédagogique mais aussi de nombreuses contestations au sein de son atelier officiel puis de ses deux ateliers après la seconde guerre mondiale 2. Ces oppositions relèvent du débat sur l’enseignement et le système « beaux-arts », voire en révèlent la crise au regard des enjeux politiques, sociaux, économiques, scientifiques, artistiques et culturels. L’enseignement aborde peu les thèmes de l’urbanisme et du logement qui font alors sens au regard des réflexions sur l’aménagement. Recherchant une meilleure adéquation entre le contexte social et urbain et l’enseignement de l’architecture, la tentative de réforme initiée en 1962 par André Malraux engage pour Lyon le projet d’une école nationale d’architecture qui sera rejeté par les élèves et le milieu des enseignants. Comme les autres écoles régionales d’architecture, l’ERAL sera dissoute suite aux évènements de mai 1968. Le propos observe la longue histoire de cet enseignement au prisme des enjeux et débats qui fondent la discipline et des environnements qui la façonnent et se l’approprient.