L’assistance médicale à la procréation avec tiers donneur a suscité de vifs débats dans les dernières décennies. En particulier, l’accès aux origines a concentré nombre de discussions dans la sphère médiatique, politique et académique. Dans plusieurs pays, dont l’Angleterre et la France, elles ont abouti à un changement du cadre légal avec l’adoption d’un droit d’accès à l’identité des donneurs et donneuses de gamètes pour les personnes qui en sont issues. Or, on en sait encore peu sur la manière dont les personnes conçues par don envisagent le lien avec ce tiers de procréation. Cette communication propose une exploration de la question à partir d’une enquête réalisée auprès de 63 adultes conçu·e·s par don de sperme anonyme en France et en Angleterre. En se concentrant sur les appellatifs employés pour désigner les donneurs et en les mettant en relations avec les termes désignant les pères (ainsi que parfois les beaux-pères), elle montre que le don s’inscrit dans une pluriparentalité qui prend sens dans un récit. Les donneurs restent cependant dans une position ambivalente qui révèle la force que conserve l’exclusivité de la filiation dans les sociétés ouest-européennes contemporaines et qui met en exergue la valeur accordée à la durabilité dans la qualification des liens de parenté.