La nouitas de Caton l’Ancien était déjà un topos à la fin de la République, de même que son respect intransigeant du mos maiorum sur lequel il bâtit sa carrière et qui fonda sa légende. Ses prises de position véhémentes contre la culture grecque, alors même qu’il la maîtrisait, ont suscité de nombreuses interrogations. Nous savons pourtant que Caton façonna sa propre figure qui fut ensuite recomposée par ceux qui désirèrent l’employer à des fins diverses, tels Cicéron ou Caton d’Utique. Dans cette perspective, nous souhaiterions montrer que l’antihellénisme relève plutôt d’une image publique élaborée par Caton l’Ancien pour s’imposer, lui, homme nouveau, et ses descendants, dans la vie publique romaine, que d’une véritable pensée hostile à la culture grecque. Pour cela, nous revenons sur les moments où se manifeste son antihellénisme et aboutissons à une périodisation révélant l’aspect construit d’un discours avant tout stratégique. En effet, en analysant sa cohérence avec les autres valeurs défendues par Caton, il ressort que l’antihellénisme était non seulement facile à revendiquer (et à transmettre) mais permettait aussi aisément de se distinguer d’une noblesse souvent philhellène.