Sous influence des politiques économiques européennes de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, les pratiques critiques en design contemporaines s’affirment comme recherche. Ces pratiques de recherche se distinguent toutefois des pratiques universitaires quant à leurs logiques, déterminations et rapports aux savoirs. Cet article vise à comprendre l’apport du design critique et de ses spécificités dans le champ des sciences. Nous faisons l’hypothèse que les pratiques critiques en design projettent une production scientifique et industrielle soutenable par la valorisation du rapport entre la production et l’humain. Recherchant une morale voire une éthique en design, ses acteurs et actrices matérialisent leurs différences vis-à-vis des usages capitalistes de la créativité. Dès lors, la production critique en design se veut support d'une conscience du progrès technique et des effets de ses applications. Exprimée par une transparence ambigüe, juste, belle et vraie, la critique réactualise le rapport entre l’art et la vérité. L’enjeu du design critique en science serait donc de maintenir les valeurs libérales et scientifiques de la modernité, plutôt que de rendre le progrès technique désirable. Pour que cet enjeu se réalise, l’école d’art doit former les futurs designers à la littératie scientifique. Car la maîtrise et la production des connaissances est la condition d’une légitimité pour le design en science, permettant de dépasser l’approche militante et/ou esthétisante. Dans tous les cas, la résurgence d’une critique en design atteste d'un retour en force de la modernité.