Les institutions (macro)régionales jouent un rôle majeur dans la construction des imaginaires sur le monde, sur les macro-régions et les espaces qui les constituent. En tant que cadres formels de projection, d’action et idéologiques, elles produisent une définition d’un ensemble macrorégional qui serait caractérisé par une relative homogénéité et des interactions internes conséquentes. Du fait des héritages et des hiérarchies politiques et sociales, des espaces au sein de ces ensembles se trouvent en situation de marge ou d’(ultra)périphérie, ce statut étant parfois institutionnalisé. L’un des exemples d’institutionnalisation de cette position sont les Régions Ultrapériphériques (RUP) de l’Union européenne (UE). Défini en 1997 par le traité d’Amsterdam, ce statut est un cadre d’actions spécifiques aux enjeux et aux problématiques identifiées par l’UE pour ces territoires. En tant que construction sociale située, la définition et le nom même de cet ensemble repose sur un héritage colonial et une hiérarchie socio-spatiale, caractérisant ces territoires vis-à-vis d’une centralité continentale et selon leur niveau d’extériorité à l’ « Europe ». Cette proposition de communication invite ainsi à interroger par un travail exploratoire les imaginaires produits par les institutions macrorégionales sur les espaces qui les constituent, et tout particulièrement sur ceux qu'elles considèrent en position de marge ou d'(ultra)périphérie. Dans le cas des RUP de l’UE, que transmettent ces imaginaires institutionnels sur la définition, l’évolution et la projection des actions publiques et idéologiques portées et données à ces espaces et territoires ? L'analyse discursive exploratoire de ces imaginaires est conduite à partir d’un corpus de publications officielles à visée de communication de l’Union européenne sur les régions ultrapériphériques entre 1999 et 2020 où politiques de « projet », projections et thématique dites d’avenir prennent une part de plus en plus conséquente.