Ce rapport résulte de l'appel à projets n° 25-2018 « Islam, religion et société » du Bureau central des cultes. Il s'attache à apporter une réponse à la question de savoir dans quelle mesure une homogénéisation du statut des aumôniers est réaliste et souhaitable. Il se compose de quatre chapitres. Chacun envisage la question de l’homogénéisation du statut à partir d’un angle propre : socio-historique, juridique, socio- démographique et au regard des pratiques et représentations de ces ministres du culte d’un genre particulier. Le premier s’attache à retracer la genèse des trois aumôneries musulmanes à laquelle prennent part les autorités religieuses et les pouvoirs publics. Il donne à voir des logiques communes de structuration: le rôle décisif des pouvoirs publics dans l’émergence d’aumôneries musulmanes, la montée en puissance de leur intégration administrative avec en toile de fond des difficultés de fonctionnement internes évocatrices des « misères de l’islam de France » (Leschi, 2017). N’en ressort pas moins la prégnance de cadrages institutionnels. Ceux-ci se reflètent dans des problématisations du sujet de l’islam propres à chacune des institutions par ailleurs plus ou moins centralisées ; toutes choses qui influent sur le tempo et le niveau d’investissements dans le soutien apporté aux aumôneries. Le deuxième analyse la régulation juridique touchant aux aumôneries et interroge l’existence même d’« un » statut d’aumônier et l’hypothèse de l’unification du régime juridique s’y rapportant. Tout comme le précédent, il met en évidence, malgré quelques innovations récentes allant dans le sens d’une harmonisation interinstitutionnelle, l’inertie de dispositifs réglementaires autonomes renvoyant aux spécificités propres à chacune des institutions. Le troisième s’intéresse aux origines et trajectoires – religieuses et professionnelles – des hommes et des femmes qui s’engagent dans l’aumônerie musulmane. Il donne ainsi à voir un processus de professionnalisation inachevé, qui limite drastiquement le vivier de recrutement. Enfin, le quatrième déplace la focale vers les pratiques mises en œuvre par les aumôniers et les représentations qu’ils et elles se font de leur rôle. Il s’attache ainsi à dégager un noyau d’activités transinstitutionnel propres aux aumôniers musulmans – et dans une certaine mesure également transconfessionnel – ainsi que des particularités propres à chaque institution dans laquelle ces activités se déploient. Au terme de ce cheminement, il apparaît tout d'abord que la dynamique d'institutionnalisation de l'aumônerie musulmane est bien installée dans les trois institutions publiques. En revanche, nous avons constaté des logiques sectorielles, l'aumônerie étant en partie formatée par l'institution qu'elle dessert. Ceci rejaillit immanquablement sur le statut de l'aumônier, régi par des régimes juridiques différents d'une institution à l'autre. Ce qui s'explique en partie par le statut différent des bénéficiaires du service d'aumônerie : ici des agents publics comme aux armées, là des usagers (soumis à la contrainte pour les détenus ou non, s'agissant des patients).