En psychologie, l’usage du concept de genre remonte aux années 1950. Dans le contexte sociétal de ces dernières décennies, il était naturel non seulement que ce concept s’impose dans le langage courant mais aussi qu’il s’intègre aux préoccupations des milieux politiques et académiques. D’une part, deux mesures législatives permettent désormais aux couples lesbiens et aux femmes célibataires de recourir aux différentes techniques de procréation médicalement assistée (pma) : insémination artificielle (ia), fécondation in vitro (fiv) ; d’autre part, en tant qu’outil critique, le genre favorise l’analyse et participe à la déconstruction de l’approche naturaliste de la différence des sexes : incongruences de genre, inégalités hommes-femmes, violences faites aux femmes et féminicide.Dès ses débuts la psychanalyse s’est intéressée – même indirectement – à cette question, prenant explicitement parti dans ces débats de société. Ainsi, Freud a soutenu officiellement le mouvement féministe de Helene Stöcker, la Ligue pour la protection de la maternité et la réforme sexuelle (1928). Il a également signé la pétition du sexologue et militant Magnus Hirschfeld, pour l’abrogation du paragraphe 175 du Code pénal allemand, qui criminalisait l’homosexualité masculine. D’un point de vue théorique, et bien que la distinction entre sexe et genre n’ait pas encore été formulée, Freud avait compris, aussi bien la nécessité de mettre un terme à la confusion entre caractères sexuels somatiques et caractères sexuels psychiques, que d’interroger la notion de choix d’objet…