À l'annonce de la fermeture des Universités en France, la classe virtuelle est apparue comme une solution évidente pour permettre la mise en place du Plan de Continuité de l’Activité (PCA) (Chenaux & Philippin, 2020). La question de l’usage de la caméra en classe virtuelle favorisant les interactions de communication amène à questionner le ressenti des étudiants, mais également leur bien-être en formation à distance (Mercier, 2020), et les raisons qui les poussent à ne pas allumer leur caméra. La perspective de voir évoluer les enseignements vers un modèle hybride semble ne pas trouver attache dans les pratiques enseignantes. L’animation de la classe virtuelle est difficile pour les professionnels sans expérience dans le domaine (Argouges, 2020). Du côté de l’étudiant, un sentiment d’intrusion s’est démarqué depuis l’analyse des situations pédagogiques dans l’apparition d’un « événement émotionnel collectif de haute intensité » (Bouchat et al., 2020), et ce pour tous les niveaux scolaires (Boutonnet, 2020). Ainsi, la classe virtuelle est-elle une continuité de ce qui se fait déjà en présentiel ou transforme-t-elle la relation pédagogique du point de vue de l'étudiant ? Dans notre enquête, 1965 étudiants ont répondu à des questions en lien avec l’usage de la caméra en classe virtuelle. Des réponses fermées indiquent que la majorité des étudiants est équipée d’une caméra sur leur outil numérique, mais que l’allumage n’est pas systématique. Les raisons de ces usages sont explicitées au travers des réponses à une question ouverte. L’analyse de ces données met en lumière que les modalités d’enseignement se rapprochent de ce qui peut être observé en cours magistral. La caméra est avant tout au service de l’enseignant et son allumage dépend de facteurs personnels pilotant les usages des étudiants. En effet, ces derniers soulignent que la caméra n’est pas nécessaire, qu’ils ont du mal à rester concentrés avec le retour caméra perpétuel et que la crise de la COVID-19 entraine une image de soi non apprêtée qu’il est difficile d’exposer aux autres (pairs et enseignants). Toutes les raisons seront l’occasion de débattre de la forme scolaire en ligne pour les étudiants du supérieur et de trouver des pistes d’action pour passer d’un plan B à une ingénierie pédagogique permettant l’hybridation et de répondre à tous les besoins des étudiants tout en facilitant leur sentiment de bien-être.