Les productions scientifiques sur l’agriculture urbaine en Afrique se multiplient depuis une dizaine d’année, notamment chez les géographes. Le sujet est fécond car il est à l’intersection d’enjeux forts en Afrique : la croissance démographique et l’explosion du fait urbain ; la question alimentaire et la durabilité des systèmes d’approvisionnement ; la vulnérabilité de la ressource foncière ; etc. Dans cette communication, nous souhaitons réinterroger cette pratique agricole à l’aulne du métaboliste, compris comme un flux depuis les approvisionnements jusqu’aux rejets, dans le sens de Sabine Barles. En se fondant sur ce concept, nous mobiliserons les travaux que nous menons au Cameroun, au Gabon, au Tchad et au Burkina Faso pour proposer une approche renouvelée de l’agriculture urbaine. Nous avons particulièrement exploré trois directions. Pour exister, cette agriculture a besoin de ressources. Nous évoquerons ici les dynamiques foncières à Libreville et le rôle de l’agriculture sur brûlis. Elle va ensuite générer une organisation productive que nous avons étudiée à N’Djaména et à Yaoundé. Enfin, elle entretient un rapport particulier au déchet que nous avons analysé à Ouagadougou et à Yaoundé. C’est finalement l’impact de cette agriculture, tant environnemental que social, que ce concept permet d’appréhender sous une nouvelle lumière. Le rapport symbiotique, entre agriculture et ville est mis en évidence. La ville tire profit de l’agriculture, par la réduction des déchets mais aussi par les nombreux services écosystémiques qu’elle apporte, y compris en termes de qualité de vie en ville et sur le plan culturel. L’agriculture trouve en ville un espace d’expansion et de renouvellement dans ses pratiques du fait des fortes contraintes urbaines.