L’objectif sera de se demander si la raison pour l’esprit humain, qui lui permet d’appréhender toutes choses objectivables, ne serait pas aussi un biais cognitif réducteur et peut-être déformant de ce qui constitue non seulement sa pensée subjective, mais aussi sa faculté de langage et de communication. Les distinctions entre les notions de valeur, de catégorie et de concept, entre celles d'expérience sensorielle, d'appréhension émotionnelle et de cognition, celles d'états affectifs internes, de conscience primaire et de représentation externalisée de la conscience, entre ce qui a trait à la circulation, au partage de l’information et à la communication, seront au cœur de nos interrogations. Partant de l’organisation sémiotique de l’information pour l’esprit, sous un angle neurophysiologique, il s’agira de s’interroger sur la construction dynamique du sens, de la perception sensorielle à la conscience et à la communication, en insistant sur la part subjective de la pensée et du langage humain, dont procède la valeur des choses auxquelles on pense et dont on parle, avant d'en venir aux propriétés énonciatives des énoncés et des discours, par rapport aux langages d’autres animaux. Nous en conclurons que non seulement l’introspection de l’esprit humain sur lui-même et sa faculté de langage est réductrice et trompeuse, mais que le courant dominant de la linguistique et des sciences cognitives néglige une part essentielle de ce qui constitue leur objet d’étude.