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Chapitre D'ouvrage Année : 2011

Les climats de la Russie, le colosse blanc aux pieds rouges

Résumé

Ce chapitre d’ouvrage commence par décrire les principaux éléments du climat russe, d’une part le froid, d’autre part la faiblesse des précipitations, puis il en donne les principales explications, en faisant la part belle à l’anticyclone russo-sibérien, et il se termine par une typologie soulignant la grande diversité des climats de la Russie, due notamment au gradient de continentalité et à l’originalité des marges méridionales. Le froid se trouve être le principal caractère du climat russe. La durée de l’hiver augmente du sud vers le nord, mais le froid est d’autant plus intense qu’on va vers l’est. En Sibérie orientale, les vallées de la Yana et de l’Indighirka subissent les températures hivernales les plus froides du monde ramenées au niveau de la mer. C’est le pôle du froid des stations de Verkhoïansk et Oïmiakon. Cependant, bien qu’il soit court, la plupart des régions russes ont un été chaud, si bien que l’écart entre les saisons atteint son maximum mondial en Sibérie orientale, où l’amplitude thermique annuelle est supérieure à 60 °C. Contrairement à l’image qui en est donnée en France, la Russie est en fait peu arrosée, le total moyen précipité à l’échelle de l’ensemble du territoire n’étant que de 564 mm (1967-1998). Ces précipitations tombent surtout en été et à l’automne. Dans la moitié ouest du pays, le quotient entre l’évapo-transpiration potentielle et le total précipité est inférieur à l’unité au sud du parallèle 54°N. Les caractères du climat russe sont expliqués par sa situation septentrionale, son ouverture sur l’Arctique et, surtout, la continentalité de la masse eurasiatique, à la fois la plus grosse du monde et allongée d’ouest en est. De grandes parties de la Russie reçoivent peu de chaleur par des rayons solaires très inclinés, qui rasent le sol en hiver, en perdent par un fort albédo dû à la couverture nivale, sont séparées des influences méridionales par des montagnes, mais sont largement ouvertes vers le nord, d’où descendent des coulées d’air polaire. Sauf tout à fait au nord, la Russie appartient pourtant à la zone tempérée. Possédant les régions de la planète les plus éloignées de tout océan mondial, la Sibérie souffre un climat ultra-continental ; mais toute la Russie est pratiquement concernée par la continentalité. L’hiver très froid fixé sur janvier, l’été chaud centré sur juillet, la forte amplitude entre les deux sont caractéristiques de la continentalité. Les grands froids de l’hiver stabilisent l’air et fabriquent un anticyclone thermique très puissant. Ces hautes pressions bloquent les perturbations et accentuent la sécheresse hivernale. Le passage brutal de l’été à l’hiver et de l’hiver à l’été, ainsi que la courte durée de l’automne et du printemps, s’expliquent par les brusques constructions et destructions de cet anticyclone thermique et par la fréquence des échanges méridiens. En été aussi, la continentalité domine, puisque l’air, fortement réchauffé par la base, provoque des orages : c’est pourquoi l’essentiel des pluies correspond à de violentes averses de courte durée. Il arrive néanmoins que, en régime de basses pressions, les perturbations océaniques, en bout de course, parviennent à déverser des précipitations plus longues. La frange arctique se trouve en zone polaire, cependant que l’essentiel du territoire russe appartient à la zone tempérée, plus précisément au domaine continental. D’ouest en est, les géographes russes divisent ce domaine, en climat continental modéré, vrai et excessif. Ce cœur russe continental s’avilit par océanisation au nord-ouest, à l’approche de la Baltique et de la mer de Barents, par influence méditerranéenne et subtropicale à l’extrême sud-ouest, sur les bords de la mer Noire, par assèchement semi-aride au sud, en entrant dans la plaine Caspienne, et par effet de la « mousson russe » à l’extrême sud-est, à l’approche de la mer du Japon. C’est l’originalité de ce chapitre que d’insister sur cette diversité, en emboîtant les échelles géographiques. A cette occasion, l’auteur crée le néologisme de « climat méotidien » pour désigner les particularités du climat continental à tendance méditerranéenne sans influence montagnarde qui s’épanouit sur les littoraux de la mer d’Azov.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-03741875 , version 1 (02-08-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03741875 , version 1

Citer

Laurent Touchart. Les climats de la Russie, le colosse blanc aux pieds rouges. La Russie et le changement climatique, une nouvelle géographie du froid, L'Harmattan, pp.17-74, 2011, 978-2-296-56244-8. ⟨hal-03741875⟩
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